La définition d’honorable renvoie à ce qui mérite d’être considéré, estimé. Le parti pris visuel repose sur un environnement féerique, une lumière douce, presque divine, qui se pose sur cette balayette. Ce qui mérite d’être honoré, ce ne sont pas les bijoux, mais cet outil, indispensable, qui nous accompagne chaque jour sans jamais se plaindre de frôler nos saletés et nos poussières.
L’objet “moche” c’est cette statuette de Bouddha, grande habituée des brocantes, souvent observée, mais rarement achetée. Ici, elle est mise à l’honneur, reprenant vie grâce aux foulards, à l’encens et à cette douce lumière crépusculaire. Le tout fait ressortir le tempérament, la personnalité du Bouddha apaisé et éveillé spirituellement.
L’ironie est dans le contraste entre le fond et la forme. La scène reprend le lexique de la table : une fourchette, une râpe à fromage, un bocal de pâtes lettres renversées par un économe. En tombant, les lettres forment le message “c’est moche”, avec un petit cœur à la fin. Ce cœur renforce l'impression d'un message passif-agressif, c'est un peu comme une caresse après un coup. L’image est pensée, travaillée pour être esthétiquement agréable, et pourtant elle affiche ce jugement brut. C’est justement ce décalage qui crée l’ironie : rendre beau ce qu’on appelle “moche”.
Le subversif renverse ou menace l’ordre établi, les valeurs reçues. Ici, tout évoque une scène de travail idéale : l’ampoule, synonyme d’idée ; les post-its, pense-bêtes efficaces ; les épingles pour organiser les documents sur un tableau de liège. Tout semble prêt pour un travail rigoureux et productif. Pourtant, le message est tout autre. Tout est dans le paraître : les post-its sont vides, l’ampoule est éteinte, les épingles renversées. Ce n’est pas l’efficacité qu’on célèbre ici, mais le burn-out, la page blanche. Un désespoir masqué par l’illusion de perfection.